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Israël discute d'un plan utopique visant à transformer Gaza en "Singapour sur la Méditerranée" après la guerre

Netanyahou ne serait pas disposé à discuter ouvertement de ses projets par crainte de ses partenaires de droite

Illustration du plan du cabinet du Premier ministre pour Gaza après la guerre (Image : Capture d'écran)

Les plans israéliens possibles pour la bande de Gaza après la fin de la guerre ont fait couler beaucoup d'encre. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a été vivement critiqué pour son manque de volonté à ce jour de discuter publiquement de sa vision de l'enclave.

Vendredi, le New York Times a rapporté que le cabinet du Premier ministre examinait un plan ambitieux qui verrait Israël gérer la bande de Gaza avec d'autres pays arabes pendant plusieurs années avant que le contrôle ne soit transféré aux Palestiniens.

Ce plan aurait été élaboré en novembre par un groupe d'hommes d'affaires, pour la plupart israéliens et, pour certains, proches de M. Netanyahou, et aurait été proposé pour la première fois au cabinet du Premier ministre en décembre.

Selon le NYT, en échange d'une normalisation avec l'Arabie saoudite, Israël accepterait de partager le contrôle de Gaza avec le Royaume d'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Égypte et les États-Unis pendant plusieurs années.

Le média israélien Ynet a rapporté ce plan pour la première fois en mars, le qualifiant de "plan de Netanyahou pour transformer Gaza en une sorte de Singapour".

Singapour est une référence couramment utilisée pour la réussite économique dans la politique israélienne, car la nation insulaire est devenue un miracle économique tout en faisant face à des circonstances défavorables similaires à celles de l'État juif.

Vendredi, Ynet a diffusé pour la première fois une présentation du plan intitulée "De la crise à la prospérité - un plan pour la transformation de la bande de Gaza de l'agression iranienne à l'axe modéré".

"L'objectif - Gaza prospère dans le cadre d'une architecture régionale abrahamique", indique le plan. "Le risque - Gaza est un avant-poste iranien qui perturbe l'architecture régionale modérée, sabote les chaînes d'approvisionnement émergentes de l'Inde à l'Europe en passant par la bande de Gaza, et contrecarre tout espoir politique palestinien futur."

"L'opportunité - Gaza a prospéré dans le passé en tant que carrefour entre deux anciennes routes commerciales - la route maritime (Égypte-Gaza-Babylone) et la route de l'encens (Inde-Yémen-Arabie saoudite-Europe). Elle peut revenir et prospérer au centre d'une architecture régionale modérée", poursuit la présentation.

Infrastructures et routes commerciales prévues (Image : Capture d'écran)

Dans un premier temps, le plan prévoit qu'Israël crée des zones libérées du Hamas dans la bande de Gaza, qui couvriront à terme l'ensemble du territoire, tandis que les pays arabes, notamment l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Égypte, le Bahreïn, la Jordanie et le Maroc, faciliteront l'acheminement de l'aide humanitaire dans les zones sûres. Cette phase du programme durerait 12 mois.

Au cours de la deuxième phase, qui devrait durer de cinq à dix ans, Israël continuerait à assurer la sécurité tandis que les pays arabes créeraient un organisme multilatéral qui superviserait, guiderait et financerait une "Autorité pour la reconstruction de Gaza".

Cette autorité serait dirigée par des Palestiniens, prendrait le contrôle des zones sûres, mettrait en œuvre un plan Marshall à grande échelle et lancerait des initiatives de déradicalisation.

Le pouvoir sur la bande de Gaza serait ensuite progressivement transféré à un gouvernement local ou à l'Autorité palestinienne (AP) par le biais d'un vote, selon le NYT.

Le plan précise que cela se ferait "à condition que l'Autorité palestinienne prouve sa capacité à mener à bien la déradicalisation et la démilitarisation, et sous réserve de l'accord de toutes les parties".

Dans la phase finale du plan, la bande de Gaza serait gérée par les Palestiniens et rejoindrait les accords d'Abraham.

Selon ses auteurs, ce plan apporterait à Israël "une sécurité à long terme dans le sud, une intégration dans la région, des opportunités économiques dans le sud et une normalisation avec l'Arabie Saoudite".

Ils affirment également que toutes les parties concernées ne peuvent que tirer profit de ce plan, qui pourrait être relié à des plans existants pour des mégaprojets dans la région, comme la ville futuriste "Neom" de l'Arabie saoudite.

"Gaza peut devenir un important centre de production industrielle sur les rives de la Méditerranée, avec un excellent accès aux marchés (Europe, Golfe, Asie), à l'énergie et aux matières premières (du Golfe), tout en tirant parti de la technologie israélienne", écrivent-ils.

En outre, ils ont proposé une "zone de libre-échange Sderot-Gaza-El-Arish" et un nœud ferroviaire et d'infrastructures reliant Neom en Arabie saoudite, Tel Aviv et Haïfa, ainsi que Le Caire et Alexandrie en Égypte.

Zone de libre-échange Sderot-Gaza-El-Arish (Image : Capture d'écran)

Malgré le potentiel de ce plan ambitieux et le soutien de certains fonctionnaires du cabinet du Premier ministre, le New York Times a rapporté que M. Netanyahu s'était abstenu d'en parler publiquement, craignant de perdre le soutien de l'aile droite de son gouvernement, qui est susceptible de s'opposer au plan.

Deux fonctionnaires israéliens ont déclaré au NYT que le plan était encore examiné au plus haut niveau, notant qu'il ne pouvait être mis en œuvre tant que le Hamas n'était pas vaincu et que les otages restés à Gaza n'étaient pas libérés.

Par ailleurs, la plupart des partenaires arabes ont jusqu'à présent rejeté l'idée, tandis que certains l'ont "accueillie avec prudence", car elle témoigne d'une plus grande souplesse de la part de M. Netanyahou par rapport à ses déclarations publiques.

Les responsables arabes ont critiqué le plan, le jugeant irréalisable parce qu'il ne trace pas de voie claire vers la création d'un État palestinien, condition posée par l'Arabie saoudite et les Émirats pour leur participation.

Le Staff de All Israel News est une équipe de journalistes en Israël.

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